En pleine campagne électorale, les artistes aiment dénigrer les conservateurs pour les méchantes coupures en culture. Soyons honnêtes, comme Bryan je suis convaincu que les arts peuvent survivre et même s'épanouir avec moins d'intervention de l'État. En fait, depuis plusieurs mois je m'immerge dans la peinture, la littérature, la poésie et la photographie(un nouveau hobby pour moi) et la principale observation qu'on peut faire quant aux relations historiques entre l'État et la culture est telle que suit:
Jamais l'État a été si peu présent dans l'activité culturelle qu'il ne l'est maintenant et jamais la culture (de tous les niveaux) n'a été aussi accessible.
Autant que vous pouvez détester cette affirmation, elle est vraie. Il y a à peine cent ans, personne ne pouvait écouter les grands classiques de Chopin, Bach et Salieri en dehors des orchestres. Maintenant, tous peuvent avoir les plus belles compositions et sonates sur leur iPod. En fait, aux États-Unis, ou les subventions à la culture font à peine quelques dizaines de sous par habitant, sont ceux qui ont le plus de musées et d'orchestres per capita au monde. On a accés aux plus grandes oeuvres littéraires et les bibliothéques privées comme celle de Thomas Jefferson au 18éme siécle (la plus grosse bibliothéque privée de l'époque) peuvent aisément être égalé de nous jours. On a accés à des livres écrit par des auteurs russes, allemands, britanniques, hollandais et traduit en français. On peut aller visiter les plus grand musées comme le Metropolitan Museum of Art (auquel la méchante entreprise Bloomberg contribue à coups de millions), alors que les musées était réservé à l'élite il y a à peine cinquante ans.
L'économie a tellement prospéré et s'est élargie que les vastes richesses crées permettent à des artistes de créer des niches auparavant improfitables. Nous avons tout simplement plus de choix qu'auparavant et comme les marchés sont plus gros, plus de choix s'offrent grâce à des niches. Je peux m'acheter sur iTunes les chansons de Klee (un groupe allemand inconnu de tous à part moi) ou les chansons de Doctor ou de Major Maker (un ami qui s'est démarré grâce aux bonbons Maynards - une méchante corporation). J'achéte une chanson pour 1,99$ et un album pour 7,99$. J'ai même une compilation des plus grandes chansons françaises pour 9.99$ sur iTunes. Ces mêmes artistes n'auraient probablement jamais pu exister il y a cinquante ans - personne n'aurait pu les trouver ou se les permettre. Le marché a permis de créer des niches et des créneaux de spécialisation si précis que personne ne connaît mais dont on peut tirer un décent revenu.
Par ailleurs, quand l'État intervient dans la culture - il censure. Il encourage des tendances et choisit en quelque sorte des gagnants au lieu de laisser des mouvements émerger spontanément. Au siécle des lumiéres, les seuls patrons de la culture étaient les rois, princes et aristocrates. Si ca ne plaisait pas au roi, on pouvait dire au revoir aux arts. Maintenant, c'est des milliards de consommateurs qui choissent, ce n'est plus le diktat d'une seule personne.
Les peintres impresionnistes et le jazz sont nés soit en réaction à l'État soit à la société. Les mouvements qui émergent spontanément ont l'appui du public parce qu'il l'a choisi. Aprés tout, malgré toutes les subventions au Québec - c'est l'Alberta qui a le secteur culturel le plus développé au Canada. Aux États-Unis, les dépenses privées des ménages en culture sont considérables comparé au Canada malgré les faibles subventions. Peut-être parce que les artistes Américains tentent vraiment de créer de l'art ou d'être des maîtres dans l'art de quémander les fonctionnaires. On ne construit pas une culture à coups de subventions! On la construit en laissant les gens choisir!
Détester les conservateurs - ils ont bien des niaiseries - mais la culture c'est pas le point qui me dérange.
3 commentaires:
Je suis d'accord de ne pas accorder des subventions au Cirque du Soleil, Éric Lapointe et cie... Mais je crois que nous devons aider les plus petits (pour devenir plus grand) en leur donnant des outils de développement internationaux et locaux, et non pas des subventions sans réddition de compte.
Je pense qu'il ne faut pas confondre culture de masse et culture en général et je crois que c'est pas mal ce que tu fais.
Tu émet de très bon points, mais ce n'est pas parce que en tant que société, que citoyen et que consommateur on a accès à plus de produits culturels que cette soi disant culture est plus riche. Tu parles de Chopin, de Bach, de peintres impressionnistes, de jazz... entre toi et moi... c'est ça qui est échangé et diffusé ? Pas sûr de ça !
Quand à l'État qui intervient dans la culture... les Conservateurs oui en tout cas. Dans le cas du Québec plus spécifiquement, t'es dans le champ mon ami. Je pense pas que l'État ait quoique ce soit à voir avec l'émergence du rock underground montréalais et regarde un peu ce qui s'est passé à l'époque de la Révolution tranquille par exemple.
Et puis quand tu dis que l'Alberta a le secteur culturel le plus développé parce que les Albertains dépensent plus d'argent que les autres canadiens... voyons donc, ça veut absolument rien dire... quel genre de spectacles ils vont voir, quels genre de livres ils achètent ? Faut être un peu plus profond que le cash dépensé je crois.
Bien sûr que les États-Unis peuvent laisser la culture dans le libre-marché, car ils ont un grand marché. Par ailleurs, ils ont une hégémonie culturelle peut-être dû à une fascination culturelle (le rêve américain). Si nous laissions la culture entrer dans le libre-marché, le choix des gens se portera davantage vers les produits américains (tel que c'est déjà) et, pour ce qui est de la culture "gratuite" (ex: la télévision), on devrait endurer davantage de publicité, ancrée par des moyens plus agaçants (ex: dans une même image, au lieu de blocs différents, de sorte de mieux fonctionner et de ne pas trop couper dans le contenu principal) qui feront que les gens choisiront probablement d'aller davantage ailleurs (ex: canaux américains).
Oui, la culture est davantage accessible, mais moins de gens peuvent en vivre. On ne parle pas de mécénat étatique (tels les exemples que vous donnez où le roi choisit), mais d'un coup de pouce nécessaire pour faire progresser une carrière underground ou émergente à l'international.
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