jeudi 9 octobre 2008

Le déséquilibre des compétences

Je profite de cette campagne électorale pour reposter sur un sujet sur lequel j'ai déjà écrit: le déséquilibre fiscal. D'après moi, il n'existe pas de déséquilibre fiscal, mais bel et bien un déséquilibre des compétences. Je m'explique:

En 1867, lors de la confédération, tous les pouvoirs importants ont été donnés au fédéral. Quand je dis "importants", je parle pour l'époque bien sûr. En 1867, la santé ou l'éducation n'étaient de loin pas des enjeux majeurs, au contraire de la défense, des douanes ou de la monnaie. Ainsi, "l'esprit de la constitution de 1867" n'est pas, contrairement à ce que certains nationalistes peuvent prétendre au Québec, d'avoir un pays décentralisé, mais bel et bien d'avoir un pays quasi unitaire (si vous lisez la constitution à la lettre, un constitutionnaliste vous dirait que certaines dispositions ne sont tout simplement pas dignes d'une fédération, tel le pouvoir de désaveu du fédéral). Cependant, avec le temps et les décisions des tribunaux, le Canada s'est décentralisé, tellement qu'il peut être considéré comme la fédération la plus décentralisé au monde, après la Suisse. Déjà un coup dur pour tous les nationalistes ou souverainistes qui n'arrêtent pas de prétendre que le Québec ne peut rien décider par lui-même.

Cependant, la vraie cause de la décentralisation provient du fait que progressivement, les champs de compétences provinciaux sont devenus plus importants. Aujourd'hui, les grands enjeux de société sont presques tous de compétences provinciales. Le fédéral n'a quasiment plus aucune compétence importante, à part la défense. Mais même là, si vous demandez aux canadiens ou Québécois leurs enjeux primordiaux, je doute que l,armée ou les douanes arrivent bien hauts dans la liste, au contraire de la santé ou de l'éducation.

Je considère personnellement que cela ne fait pas vraiment de sens. Si l'on croit vraiment au principe fédéral, alors on devrait accepter une renégociation des pouvoirs constitutionels. Je ne dis pas de donner toute la santé au fédéral par exemple, mais possiblement certaines compétences, notamment l'assurance maladie. La gestion des hopitaux est probablement plus efficace si effectuée localement, mais l'administration d'une couverture universelle de soins de santé serait probablement plus logique au niveau fédéral, surtout avec la mobilité interprovinciale qui existe maintenant pour les diplômés d'études supérieures. Ceci n.est qu'un exemple, mais mon point essentiel est que si vous désirez que tous les pouvoirs soient à Québec, telle une autonomie à la Mario Dumont, alors assumez-vous et déclarez-vous souverainistes. Ce n'est pas grave du tout par ailleurs, vous êtes libres de penser ce que vous voulez. C'est aussi pour cela que j'ai dit hier, en réponse à un commentaire, que voter Bloc si on n'est pas souverainiste, est très égoiste. Je maintiens ma position, le Bloc n'arrête pas de dire "on appuie si c'est bon pour le Québec". Mon dieu, quel égoisme! Faire partie d'une fédération, c'est comme pour n'importe quel choix, il faut savoir faire quelques compromis. Si vous êtes souverainistes, alors cela peut faire du sens, vous estimez déjà malsain de faire partie du Canada, vous n,allez pas encore accepter de faire des compromis. Mais si vous êtes fédéraliste, vous devriez être d'accord que le Québec ne peut pas toujours être gagnant dans toutes les décisions. (que ce soit clair, je ne remets pas ici en cause la pertinence des députés bloquistes, je ne l,ai d'ailleurs pas fait dans mon post précédent sur le Bloc, les électeurs sont libres et s'ils veulent un député du Bloc, on doit respecter cette décision).

Si l'on est vraiment fédéraliste, cela ne fait aucun sens de vouloir que le fédéral ne s'occupe d'aucun des grands enjeux quotidien. A l'heure actuelle, tel est le cas et c'est pourquoi je considère qu'il y a un déséquilibre des compétences qui mériterait d'être corrigé.

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